Attalides

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 10 octobre 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais
The Hellenistic Prince (Detail) (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Le prince hellénistique (détail)
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

La dynastie des Attalides régna sur un empire depuis sa capitale Pergame au cours des IIIe et IIe siècles avant J.-C. Elle lutta pour sa place dans le monde turbulent qui suivit la mort d'Alexandre le Grand. Luttant pour leur place dans le monde turbulent qui suivit la mort d'Alexandre le Grand, les Attalides prospérèrent brièvement, Pergame devenant une grande ville hellénistique célèbre pour sa culture, sa bibliothèque et son grand autel. Cependant, la dynastie éphémère des Attalides connut une fin abrupte lorsque la puissante Rome commença à montrer ses muscles et ses ambitions en Asie Mineure et au-delà.

À la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant notre ère, l'empire qu'il avait créé se retrouva sans chef - sans héritier ni successeur. Parmi un certain nombre d'options possibles, la solution immédiate à laquelle parvinrent ses fidèles commandants fut de se partager le royaume. Le jeune général et garde du corps Lysimaque reçut la province stratégiquement précieuse de Thrace, un petit royaume situé le long de l'Hellespont. Les guerres des Diadoques l'entraînèrent dans une lutte de pouvoir pour les terres d'Asie mineure et de Macédoine. Sa soif de pouvoir lui permit de nouer des alliances avec plusieurs de ses collègues "rois" et même d'épouser la fille de Ptolémée Ier d'Égypte, Arsinoé II. Malheureusement, sa mort à la bataille de Couroupédion en 281 avant notre ère le laissa sans héritier et son trône vacant. Ses riches territoires d'Asie Mineure, notamment Pergame, tombèrent aux mains du roi syrien Séleucos Ier Nicator. Cependant, une nouvelle dynastie allait bientôt émerger et arracher le contrôle aux Séleucides. Pergame allait bientôt devenir une puissance importante le long de la mer Égée sous la direction des Attalides.

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Philétaire: Fondateur de l'empire

On sait peu de choses sur les débuts de la vie de Philétaire. Probablement d'origine macédonienne, il était le fils d'Attale et de Boa, originaire de Paphlagonie. Bien que les historiens ne s'accordent pas sur ce point, son fils adoptif, Eumène Ier, considéra toujours Philétaire comme le véritable fondateur de la dynastie des Attalides. À l'origine, il servait sous les ordres du commandant macédonien Antigone Ier le Borgne jusqu'en 302 avant notre ère, date à laquelle il déserta Antigone au milieu des tensions croissantes entre les différents rois et rejoignit le souverain thrace Lysimaque. Après la mort d'Antigone en 301 avant notre ère à la bataille d'Ipsos, il fut récompensé pour sa loyauté en étant nommé à la tête du trésor royal situé dans la ville de Pergame en Asie Mineure. Malheureusement, lorsque Lysimaque, sous l'impulsion de son épouse égyptienne Arsinoé, exécuta son fils unique Agathocle sur une fausse accusation de trahison, Philétaire, ainsi que plusieurs autres commandants loyaux, abandonnèrent Lysimaque et rejoignirent Séleucos Ier - Philétaire s'assura de remettre le trésor et Pergame aux Séleucides. Après la mort de Lysimaque aux mains des forces séleucides, Philétaire prit le contrôle de Pergame. Il y gouvernerait, bien que toujours sous l'égide de Séleucos Ier, de 282 à 263 avant notre ère.

Au cours de ses deux décennies sur le trône, Philétaire parvint à étendre son territoire dans la vallée du Caicus et à le défendre contre les Galates voisins.

Au cours de ses deux décennies sur le trône, Philétaire put à la fois étendre son territoire dans la vallée du Caicus et le défendre (278-276 av.J.-C.) contre les Galates voisins, un peuple situé à l'est de Pergame. Au lieu de faire la guerre, ses successeurs payaient parfois pour les éloigner. Bien qu'il n'y ait pas de preuve substantielle, l'histoire le dépeint en tant qu'eunuque. Bien qu'il n'y ait que peu de preuves de l'origine de cette condition, il est possible que sa famille ait choisi cette voie parce qu'elle permettait souvent à une personne d'obtenir une position élevée à la cour. Sous sa direction et celle de ses successeurs, la ville et le territoire de Pergame deviendraient une vitrine hellénistique.

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Bien que située en Asie Mineure, Pergame était, par définition, une ville grecque qui s'identifiait à sa voisine Athènes, de l'autre côté de la mer, et la ville avait même adopté la déesse Athéna comme divinité présidente. Elle était sa protectrice en temps de bataille, ce qui lui valut le nom de "Nikephoros" ou "porteur de victoire". Si les Attalides adoptèrent l'organisation civile d'Athènes, le roi continuait à se tenir "en dehors de la constitution", conservant le pouvoir de nommer les magistrats de la cité. Philétaire ne pouvant avoir d'enfant, son neveu adoptif, Eumène Ier, lui succéda en 263 avant notre ère, jusqu'en 241 avant notre ère. C'est Eumène qui proposa de rompre avec le contrôle des Séleucides. Après avoir vaincu le successeur de la dynastie séleucide, Antiochos Ier, à Sardes, Eumène étendit son territoire au nord-ouest de l'Asie mineure en absorbant la Mysie et l'Aeolis ainsi que Pitane.

Theatre of Pergamon
Théâtre de Pergame
Benh Lieu Song (CC BY-SA)

Attale: fondateur de la dynastie

N'ayant pas d'enfant, Eumène Ier fut remplacé par son neveu et cousin Attale Ier (241-197 av. J.-C.) qui prit le titre de Sôter ou Sauveur. La plupart des historiens attribuent à Attale la fondation de la royauté des Attalides, bien qu'il en attribue personnellement le mérite à Philétaire. Depuis la défaite de Lysimaque, les Séleucides n'avaient jamais pu garder le contrôle de leurs territoires d'Asie Mineure, et c'est pour cette raison que les territoires de Pergame, de Bithynie, de Nicomédie et de Cappadoce devinrent indépendants. Comme son prédécesseur, Attale réussit à étendre son petit empire, bien qu'il ait plus tard abandonné une grande partie des territoires conquis à Séleucos II (223 -212 av. J.-C.). Comme son prédécesseur, il réussit également à protéger Pergame contre les forces menaçantes des Galates limitrophes.

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C'est Attale Ier qui contribua à établir des relations positives avec la République romaine et à l'impliquer dans la première guerre de Macédoine. Il contribua également, avec l'île de Rhodes, à ramener Rome en Grèce pour faire la guerre à Philippe V de Macédoine - à l'époque, Rome se remettait de la deuxième guerre punique contre Carthage. Au cours de la deuxième guerre de Macédoine (200-197 av. J.-C.), Philippe V avait décidé d'étendre son pouvoir en Grèce et dans la mer Égée, menaçant les Achéens, Pergame et Athènes. Après une lutte acharnée, il fut finalement contraint de faire la paix et de renoncer à toutes les terres conquises en Grèce, en Thrace et en Asie mineure. Malheureusement, avant que l'accord de paix ne puisse être signé, Attale Ier mourut à Thèbes d'une attaque cérébrale en 197 avant notre ère et son corps fut renvoyé à Pergame. Eumène II (r. de 197 à 159 av. J.-C.), fils aîné d'Attale et d'Apollonis, prit le pouvoir et poursuivit immédiatement la guerre de son père, mais cette fois contre le fils d'un vieil ennemi, Antiochos III de Syrie.

Relations avec Rome

L'héritier de la dynastie séleucide souhaitait récupérer les territoires perdus par sa famille en Asie Mineure. À la suite d'un appel des Attalides, Rome exhorta Antiochos à se retirer en Syrie, mais au lieu de cela, il attaqua la Grèce, alliée de Rome. Après une défaite aux Thermopyles, il s'enfuit en Asie Mineure où il fut engagé et vaincu à la bataille de Magnésie en Lydie (189 av. J.-C.). Lors de cette bataille, les forces d'Eumène poussèrent Antiochos à battre en retraite, ce qui provoqua la fuite de ses éléphants. Antiochus pensait à tort que ses chars à faux sèmeraient la panique parmi les Romains, mais Eumène, au contraire, envoya sagement sa cavalerie, ses archers crétois et ses frondeurs légers contre les chevaux qui chargeaient. Les forces syriennes tombèrent sous les coups de l'armée romaine dirigée par scipion l'Asiatique. La paix d'Apamée qui en résulta paralysa l'empire séleucide en obligeant Antiochos III à payer des réparations à Eumène (il deviendrait extrêmement riche) et à se retirer d'Asie Mineure; le territoire situé au nord du Taurus serait partagé entre Pergame et Rhodes. Rome interviendrait plus tard dans les guerres d'Eumène contre la Bithynie (187-183 av. J.-C.) et contre Ponce (183-179 av. J.-C.).

Empires of the Mediterranean, 218 BCE.
Empires de la Méditerranée, 218 avant notre ère.
Goran tek-en (CC BY-SA)

Curieusement, un vieil ennemi de Rome datant de la deuxième guerre punique réapparut dans la guerre contre la Bithynie. Le vieux commandant punique Hannibal Barca avait d'abord cherché refuge auprès d'Antiochos III après son exil de Carthage, mais s'était rapidement réfugié en Bithynie. Bien qu'il ait remporté une victoire navale sur Eumène, l'accord de paix qui s'ensuivit prévoyait la remise d'Hannibal aux Romains. Refusant de se rendre, le vieux commandant se suiciderait en s'empoisonnant en 182 avant notre ère.

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Pergame prospère

Par la suite, Eumène II (qui se faisait également appeler Sôter) entreprit un programme de construction à Pergame, érigeant le grand autel et établissant une immense bibliothèque, la deuxième après celle d'Alexandrie. Lors de la guerre de Syrie, il aida Antiochos IV à accéder au trône de Syrie après la mort de son frère Séleucos IV (175 av. J.-C.). Malheureusement, ses efforts pour impliquer Rome dans une autre guerre macédonienne lui valurent la défaveur des Romains, en particulier du Sénat romain. Il était censé tenir Rome informée des actions de Persée, le successeur de Philippe V de Macédoine. Lorsqu'Eumène II se rendit à Rome (167-166 av. J.-C.), le Sénat ne voulut pas le recevoir, sous prétexte qu'il ne recevait plus de rois. Apparemment, ses ennemis à Rome soutenaient qu'il avait prévu d'abandonner Rome en faveur de Persée si le prix était juste. Pour Rome, le roi avait déjà fait preuve de beaucoup trop d'indépendance et de pouvoir, surtout après avoir aidé Antiochos IV et fait la guerre à la Bithynie. Apparemment, Rome n'appréciait pas que l'on tente de réduire son influence en Asie Mineure.

Reconstruction of the Pergamon Altar
Reconstruction de l'autel de Pergame
Raimond Spekking (CC BY-NC-SA)

Attale II et III

Attale II Philadelphe ("qui aime son frère") était le deuxième fils d'Attale Ier et, à la demande de Rome, il devint co-dirigeant avec son frère, de 160 à 138 avant notre ère. Il avait été commandant sous Eumène II contre Antiochos III et avait participé à la guerre contre les Galates. Il avait également été diplomate à Rome, où il s'était attiré les faveurs des Romains. Après la mort de son frère en 159 avant notre ère, Attale prit seul le contrôle du trône, épousa Stratonice, la veuve de son frère, et adopta son neveu, le futur Attale III. Durant son règne, il maintint des liens étroits avec Rome, dont il reconnut la suprématie. Ses armées soutinrent Nicomède II de Bithynie, Alexandre Balas en Syrie, mais s'opposèrent à Andriscos en Macédoine. Tout en poursuivant le programme de construction de son frère, il fonda les villes de Philadelphie en Lydie et d'Attaleia en Pamphylie. Malheureusement, son fils adoptif, Attale III (r. de 138 à 133 av. J.-C.), serait le dernier roi attalide. Considéré par beaucoup comme brutal et impopulaire, il se désintéressa de la vie publique et abandonna le contrôle de Pergame à Rome. Bien qu'il y ait eu un autre prétendant - un fils supposé illégitime d'Eumène II nommé Eumène III Aristonicos - la dynastie se termina brusquement.

Contrairement à la dynastie ptolémaïque et aux Séleucides, la dynastie des Attalides dura à peine un siècle et demi, dont la majeure partie sous la direction d'un père et de ses deux fils. La famille avait pris le pouvoir à Pergame après la mort de Lysimaque, s'affranchissant ainsi de la domination des Séleucides. Même si Pergame se trouvait en Asie Mineure, la ville et la province étaient, par définition, grecques, s'identifiant à la ville d'Athènes, adoptant même Athéna comme divinité et protectrice. Cependant, une série de longues guerres contre la Macédoine et la Syrie permit à la République romaine, en pleine expansion, d'entrer en scène. Après avoir vaincu Carthage lors des guerres puniques, la République romaine se tourna vers l'est, vers la Grèce et l'Asie. Finalement, Pergame, sous la direction médiocre d'Attale III, se rendit sans histoire à Rome. La dynastie éphémère n'existait plus.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant d’histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2016, octobre 10). Attalides [Attalid Dynasty]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15286/attalides/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Attalides." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 10, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15286/attalides/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Attalides." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 10 oct. 2016. Web. 25 avril 2024.

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